IX

C’était une île au rivage profondément entamé par d’étroits fjords aux murailles abruptes. Sur les rochers à fleur d’eau bordant ses côtes, tout un peuple de phoques se pressait, tandis qu’au-dessus d’eux de grands oiseaux de mer volaient par bandes, en poussant des piaillements aigus.

Morane et le professeur Frost abordèrent dans l’un des fjords et tirèrent le canot sur une courte grève de galets. La nuit tombait et, bientôt, les ténèbres seraient complètes. – Si seulement nous pouvions trouver du bois pour allumer un feu, fit le savant, cela nous aiderait à attendre le jour.

— Du bois, dit Morane. On ne doit pas en trouver beaucoup dans ces parages, sauf du bois flotté bien entendu. Les arbres ne poussent plus aussi près du cercle arctique.

Le paléontologiste hocha la tête et son visage rond et sanguin, maintenant marqué par la fatigue, prit une expression de profonde gravité.

— Vous avez raison, Bob. Nous avons même dépassé le cercle arctique et devons nous trouver par soixante-dix degrés de latitude nord environ, à la hauteur de l’île Wrangel. S’il n’y avait pas ces sources d’eau bouillante qui tempèrent le climat de cette région, nous serions gelés depuis longtemps.

— Bien sûr, professeur, bien sûr. Mais cela n’éclaire pas notre situation. Pour commencer, comment allons-nous passer la nuit ?

— Au fond du canot, enroulés dans nos pelisses et dans des couvertures. Je ne vois guère d’autre solution.

— Qui sait, fit Morane. Cette île ne me paraît pas bien vaste. Attendons que la lune se lève et explorons-la rapidement. Si vous vous en souvenez, Lemontov a affirmé que cet archipel était habité par des Mongols. Peut-être pourrons-nous trouver un refuge provisoire parmi eux.

Le professeur Frost ne put réprimer une grimace.

— Oui, dit-il, mais n’oubliez pas que Lemontov a aussi déclaré que ces Mongols étaient fétichistes et plutôt féroces.

— Bah, répliqua Morane avec indifférence, nous serons armés. Et puis, de toute façon, nous ne pouvons moisir dans ce fjord jusqu’au moment où nous aurons de longues barbes blanches.

Brusquement, le professeur parut se décider.

— Naturellement, Bob, il nous faut faire quelque chose. Pourtant, avant de quitter le canot, je propose de le dissimuler soigneusement. Il est notre seul moyen de retraite, ne l’oublions pas.

Morane ne pouvait qu’approuver cette sage précaution. Le canot construit en métal léger fut poussé dans une anfractuosité où il se trouvait complètement caché aux regards. La nuit s’était entièrement faite à présent et la lune s’était levée, éclairant toutes choses de sa lumière oblique. Malgré le voisinage des sources d’eau bouillante, la température s’était refroidie avec la chute du jour. Bob et Frost avaient passé leurs pelisses et pris leurs revolvers. Lentement, ils se hissèrent le long d’un éboulis fermant le fond du fjord et atteignirent le sommet de celui-ci. Devant eux s’étendait un paysage étrange, sorte de vaste table de pierre faiblement éclairée par la lune et encombrée de rochers chaotiques.

— Nous allons traverser l’île dans toute sa largeur, dit Bob. Elle ne me paraît pas bien vaste et, si nous ne découvrons rien, nous aurons toujours la ressource de revenir au canot pour y passer la nuit.

Le professeur Frost ne répondit pas. Au cours des heures sombres qu’il venait de vivre, il avait laissé la direction des opérations à Morane. En outre, depuis la rencontre du grand Mosasaure, le paléontologiste semblait vivre dans une sorte de rêve dont il émergeait en de rares moments seulement.

Morane en tête, les deux hommes s’étaient mis en route à travers l’île, cherchant leur chemin à travers les rochers. Par endroits, de rares plaques de neige ayant réussi à tenir malgré la température relativement douce, tachaient le roc. Seule, une végétation pauvre, mousses et fougères rabougries, croissait dans les creux du terrain. De temps en temps, on apercevait de maigres bouquets de conifères, qui devaient de pousser là uniquement à la proximité des sources chaudes. Sur cette nature désolée régnait un silence de fin de monde annonçant celui de la banquise proche et que seul, de temps en temps, venait troubler le cri strident d’un oiseau de mer attardé.

Les deux naufragés avaient traversé l’île dans presque toute sa largeur, quand ils s’engagèrent dans une étroite vallée descendant en pente douce vers la mer. Au bout d’une centaine de mètres, Morane s’arrêta et saisit Frost par le bras.

— Regardez ! dit-il.

Là-bas, au fond de la vallée, on discernait une lueur orangée, qui ne pouvait être produite que par le reflet de la lune sur quelque rocher poli ou sur une plaque de neige.

Bob et le savant demeurèrent immobiles. Pendant de longues secondes, ils hésitèrent, se demandant au fond d’eux-mêmes ce qui se cachait derrière cette lueur. Depuis le moment où ils étaient entrés en lutte ouverte contre Lemontov, les deux hommes avaient été sans cesse entourés de dangers, et ils voyaient une menace dissimulée derrière chaque chose.

— Continuons à avancer, dit enfin Morane. Au point où nous en sommes, nous avons tout à gagner, et presque plus rien à perdre.

Ils continuèrent à descendre et, au fur et à mesure, la lueur se précisait. Finalement, ils débouchèrent au fond d’un cirque étroit, au-delà duquel se devinait la mer. Tout autour de ce cirque, une série de hangars et de maisons aux murs de pierres sèches étaient construits. Par l’étroite fenêtre de l’une des maisons, la clarté orangée qui, tout à l’heure, avait attiré l’attention de Bob et de son compagnon, sans doute la lueur d’un feu ou d’une lampe quelconque, jaillissait à flots. Au passage, Morane remarqua que les bords des toits se relevaient en cornes, comme ceux des pagodes. Mais, déjà, Bob avait frappé à la porte dc la maison éclairée. Il y eut un moment d’attente. Puis, soudain, derrière Morane et le professeur Frost, des pas firent craquer le sol et quelqu’un parla, tout près. Une voix que Bob et le paléontologiste connaissaient bien, et qui disait :

— Ravi de vous retrouver, messieurs. Comme je puis m’en apercevoir, vous revenez toujours vers vos amis.

Morane sentit un long frisson courir le long de son échine. Cette voix était celle de Boris Lemontov, alias Aloïus Lensky.

 

 

Lentement, Bob et le professeur Prost s’étaient retournés. Lemontov se trouvait à quelques mètres d’eux, et la lumière orangée de la fenêtre révélait son sourire de cruel triomphe. À ses côtés, un Chinois coiffé d’une casquette à oreillères et vêtu d’une casaque matelassée, braquait une menaçante mitraillette.

— Je vous conseille de vous tenir tranquilles, messieurs, dit encore Lemontov, car mon ami Fu, ici présent, est fort chatouilleux de la gâchette.

Le professeur Prost semblait avoir repris toute sa maîtrise de soi.

— Je pensais bien ne jamais vous revoir, Lensky, fit-il avec mépris.

L’autre ricana.

— Vous devez savoir maintenant, professeur, que mon vrai nom est Lemontov, Boris Lemontov. Alors, plus de Lensky. D’autre part, si vous n’êtes guère heureux de me revoir, je le suis moi au contraire. J’ai toujours aimé me plonger dans la chaude atmosphère de l’amitié.

— Bien sûr, fit Bob, comme un vautour aime plonger son bec dans des entrailles fumantes. Savez-vous que vous avez beaucoup d’un vautour, Lemontov ? Vous êtes aussi laid et avez la même mauvaise odeur, sans être aussi utile, naturellement.

Le sourire méprisant du bandit s’effaça, pour être remplacé par une grimace de haine.

— Je pourrais vous faire payer cher cette insulte, monsieur Morane, lança-t-il d’une voix sifflante. Un mot de moi, et mon ami Fu vous scierait en deux d’une rafale de mitrailleuse. Mais vous êtes en mon pouvoir, et ma vengeance viendra à son heure. En attendant, entrez dans cette maison ; nous y serons bien plus à l’aise pour discuter.

Dans le dos de Morane et de Frost, la porte s’était ouverte en grinçant. Ils se retournèrent et, sans tenter de résister, pénétrèrent dans une salle étroite, éclairée par une lampe à pétrole et aux murs tendus de soies chinoises. Dans un coin, assis sur des coussins auprès d’un gros poêle fonctionnant également au pétrole, trônait un énorme Chinois vêtu d’une robe de soie rouge brodée de dragons noirs et dans lequel Morane n’eut aucune peine à reconnaître Li-Chui-Shan, le pirate, qu’il avait aperçu déjà lors de sa brève incursion sur la jonque Montagne de Fortune.

La porte s’était à présent refermée. Lemontov et Fu, le Chinois à la mitraillette, étaient entrés derrière Morane et le savant. Ceux-ci se trouvaient à présent en face de quatre adversaires : Lemontov, Fu, Li-Chui-Shan et un troisième Chinois, sans doute un domestique du pirate, qui avait ouvert et refermé la porte.

À l’entrée de Lemontov, de Fu et de leurs prisonniers, Li-Chui-Shan avait, avec une souplesse dont on ne l’aurait pas cru capable, bondi sur ses pieds. D’un geste, Lemontov le rassura.

— Sois sans crainte, Shan, ces messieurs ne sont guère en état de nous inquiéter.

Et, comme une expression interrogative passait sur le visage du Chinois, Lemontov continua :

— Je te présente le professeur Frost et M. Morane.

Comme je l’avais espéré, le courant polaire les a ramenés vers nous à travers les sources chaudes. Ils ne présentent donc plus un danger pour nous.

Li-Chui-Shan hocha la tête et un sourire satisfait tendit en largeur les traits de sa face camuse.

— Je suis heureux que tout ait tourné ainsi, dit-il. Mais il ne faudrait pas que ces honorables gentlemen s’échappent à nouveau.

Dans la voix du pirate, il y avait un léger accent de menace, non seulement à l’adresse de Morane et de Frost, mais aussi à celle de Lemontov. Les yeux de ce dernier brillèrent soudain d’un éclat dur sous les arcades sourcilières proéminentes.

— Sois sans crainte, Shan, fit-il d’une voix brève. Ils ne nous échapperont plus cette fois.

« Bien sûr, pensa Morane, en admettant que nous consentions à demeurer vos prisonniers, messieurs. » Au fond de lui-même, il s’en voulait d’être ainsi venu se jeter dans la gueule du loup. Mais pouvait-il croire un seul instant que, entre toutes les îles de l’archipel, Frost et lui allaient justement être conduits par les courants à celle où Li-Chui-Shan avait établi son repaire ? Peut-être que, s’ils étaient venus par la côte, ils auraient aperçu la Montagne de Fortune et le Mégophias ancrés dans quelque fjord. Pourtant, il n’était guère question de revenir en arrière, et tout regret s’avérait superflu. Ce qu’il fallait à présent, c’était réparer les dégâts. Mais Bob se demandait comment s’y prendre. Sous la menace de la mitraillette de Fu, ni lui ni Frost n’avaient une chance de s’en tirer car, au moindre geste suspect, ils seraient impitoyablement massacrés. « Si seulement je pouvais prendre mon revolver », songeait Bob. Mais ledit revolver se trouvait dans la poche de la pelisse et, avant qu’il y ait plongé la main, Fu l’aurait abattu d’une rafale. Mieux valait donc attendre l’occasion propice pour agir, que Lemontov commette une erreur par exemple, ou quelque chose dans ce genre.

— Qu’allez-vous faire de nous demanda Frost à l’adresse dc Lemontov.

Le Russe se mit à rire. Un rire sinistre ressemblant au hululement de quelque oiseau nocturne.

— Ce que je vais faire de vous, professeur ? Vous tuer tout simplement.

Le savant serra les poings.

— J’aurais dû m’en douter, dit-il. Nous tuer, comme vous avez déjà tué sans doute Carter, Lindsay, Holt et Kramer, les quatre marins de mon ancien équipage.

Lemontov eut à nouveau son rire de chouette et secoua la tête.

— Non, professeur, je ne vous tuerai pas comme vos matelots, pour la bonne raison que je n’ai pas tué ceux-ci. Carter, Lindsay, Holt et Kramer ont accepté de collaborer avec moi, et librement. Il est si aisé de devenir pirate quand le jeu en vaut la chandelle.

Frost baissa la tête. Visiblement, la trahison des quatre matelots, qu’il croyait honnêtes et fidèles, le touchait.

— Rassurez-vous pourtant, continuait Lemontov, nous ne vous tuerons pas tout de suite. Sous ma dictée, professeur, vous allez écrire le récit d’un naufrage au cours duquel le Mégophias se serait perdu corps et biens, naufrage dont vous et M. Morane seriez les seuls survivants. Je vous laisserai alors mourir de faim et de soif tous deux. Ensuite, vos corps seront abandonnés en mer, dans l’un des canots du yacht, à peu de distance d’un port de l’Alaska. Des pêcheurs découvriront vos cadavres et, dans les vêtements de l’un de vous, on trouvera le carnet dans lequel vous aurez relaté le naufrage et votre longue agonie solitaire. De cette façon, plus aucun mystère ne planera sur la disparition du Mégophias et aucune recherche ne sera entreprise. À bord de nos deux navires, Li-Chui-Shan et moi, nous pourrons ainsi courir les mers sans être inquiétés.

Le paléontologiste avait sursauté. Il releva la tête et, derrière les verres épais de ses lunettes, ses yeux brillèrent de colère.

— Vous êtes un scélérat, jeta-t-il entre ses dents serrées.

Et si vous espérez m’obliger à écrire le récit de ce prétendu naufrage, vous vous faites des illusions.

Les paroles du savant ne parurent pas le moins du monde toucher Lemontov.

— Si ce n’est pas vous qui l’écrivez, professeur, M. Morane le fera, lui.

Bob se mit à rire d’un petit rire nerveux, qui sonnait faux.

— Je serais curieux de savoir, Lemontov, comment vous vous y prendrez pour m’y obliger.

— Mon ami Li-Chui-Shan connaît des moyens de rendre dociles les plus indomptables. Les Chinois sont passés maître dans l’art des supplices, ne l’oubliez pas.

Le forban se tourna vers le maître de la Montagne de Fortune.

— N’est-ce pas, Shan ? fit-il.

Un rictus cruel ferma les yeux bridés du colosse jaune et tordit sa bouche mince, pareille à une blessure mal refermée.

— Shan a eu un oncle bourreau, jadis à Pékin, dit-il.

Un oncle qui lui a légué une grande partie de son art. Le professeur Frost ou M. Morane écriront tout ce que mon ami Lemontov voudra bien leur faire écrire.

Bob ne put réprimer un léger frisson. Il lui fallait trouver quelque chose, faire quelque chose. Mais quoi ? Il n’en savait rien. Avant tout, il devait gagner du temps.

— Et quand allez-vous commencer votre travail de tortionnaire ? interrogea-t-il à l’adresse de Shan.

— Cela ne vous regarde pas, intervint Lemontov. Vous êtes maintenant en notre pouvoir, monsieur Morane, et ce n’est pas à vous de poser des questions.

Se tournant vers Fu, le Russe lui commanda, en pidgin : – Fouillez ces deux hommes, pour voir s’ils n’ont pas d’armes. Les bras en l’air, vous autres !

Morane et Frost obéirent. Alors, Fu s’approcha du Français et, lui collant le canon de sa mitraillette contre l’estomac, tendit sa main libre vers la poche de la pelisse. Pendant un moment, ses regards quittèrent ceux du Français. Alors, brusquement, celui-ci tourna légèrement le tronc. Son bras droit, lancé comme un fléau, chassa le canon de la mitraillette vers la droite. En même temps, de son autre main, il faisait pivoter Fu sur lui-même, pour ensuite lui saisir le cou au creux du bras et, de son poing fermé, lui comprimer le sinus carotidien. Presque aussitôt, Bob sentit le corps du Chinois mollir sous son étreinte. Déjà, son poing droit s’était crispé sur la poignée de la mitraillette, dont le canon se trouvait à présent braqué sur Lemontov, Li-Chui-Shan et Tchen.

— Surtout pas un geste, jeta Morane, ou vous êtes bons tous trois à servir de pommes d’arrosoirs.

Tout s’était passé si rapidement qu’aucun des trois bandits n’avait eu le temps de réagir. À présent, Fu n’était plus qu’une loque inerte entre les bras du Français. Celui-ci le lâcha et il tomba d’une masse sur le sol, évanoui. Morane s’écarta du corps inanimé.

— Tournez-vous vers le mur, ordonna-toi ! à l’adresse des autres, et les mains croisées au-dessus de la tête. Vous, professeur, assommez-moi ccs trois vilains cocos. Et, surtout, n’oubliez pas que notre ami Lemontov est un expert en jiu-jitsu.

Le professeur Frost eut un mauvais sourire et tira de sa poche son lourd revolver, qu’il prit par le canon.

— Soyez sans crainte, Bob, je vais envoyer ces trois gredins au paradis des boxeurs, et pour un bon pout de temps encore.

Il s’approcha lentement de Lemontov et de ses acolytes et, de la crosse de son arme, les frappa l’un après l’autre à la nuque. Quand tous trois furent étendus à ses pieds, il se tourna vers Morane.

— Et maintenant, qu’allons-nous faire ? interrogea-t-il.

— Nous tirer d’ici en vitesse, répondit Bob, sans quoi nous ne tarderons pas à avoir toute la bande des pirates sur le dos.

 

La Croisière du Mégophias
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